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Aperçu sur l'habitat rural cantalien : diversité et types

Les pays de la Haute-Auvergne

En fonction de la géologie, trois grands types de régions s'étagent de 1858m (Plomb du Cantal) à 200m environ (vallée du Lot) :

  • Pays volcaniques : plateaux basaltiques du Cézallier et de l'Aubrac ; massif cantalien ("strato-volcan", empilement de laves et projections variées) où s'opposent plateaux de forme triangulaire ("planèzes" de Saint-Flour au SE et de Mauriac au NO) et vallées glaciaires rayonnantes (parmi lesquelles : Cère, Jordanne, Authre, Doire, Maronne, Mars, Allagnon, Brezons, Goul).
  • Bassins sédimentaires argilo-calcaires : bassins d'Aurillac et de Maurs les plus notables, petit bassin de Massiac.
  • Socle ancien (roches métamorphiques et granites) : la Châtaigneraie au SO et la Xaintrie à l'Ouest, plateaux plus ou moins fortement creusés par les affluents du Lot et de la Dordogne. L'Artense au Nord, plateau modelé par les glaces. La Margeride au Sud-Est, important relief soulevé entre des failles ("horst").
Carte physique du département du Cantal, dressée par P. Wirth.

Carte physique du département du Cantal, dressée par P. Wirth.

Carte du Cantal (P. Moreau, 1975)

A ces conditions physiques fortement contrastées vont correspondre des maisons variées dans leurs matériaux, leur toiture, leurs ouvertures... Ces variations se font néanmoins à partir d'un type fondamental commun.

 

L'habitation paysanne (l'oustal) : caractères généraux

La maison élémentaire, encore assez fréquente dans l'Ouest cantalien, nous en fournit l'archétype : profitant souvent de l'abri d'un relief, elle tourne sa façade, seule percée, vers le Sud. Son plan est celui d'un rectangle peu allongé (dimensions intérieures de la salle unique de l'ordre de 7 m sur 6). La disposition type serait : en façade la porte (à droite) et une petite fenêtre (à gauche), celle-ci étant proche de la cheminée - le cantou -, adossée au pignon Ouest. Le linteau du cantou est soit droit en bois, soit surtout en pierres taillées dessinant un arc surbaissé.

La souillarde (pièce à eau) s'ouvre par une arcade ; son renfoncement se trouve en général sur le mur gouttereau arrière, mais parfois à côté du cantou ou en façade. Le sol est en terre battue, planchéié, ou surtout en pierre : dalles plus ou moins régulières, ou parfois calade formée de galets ou de petites pierres rectangulaires posées sur chant.

Les murs sont en pierre : dans le massif cantalien, moellons de basalte, de laves diverses, et particulièrement de brèche volcanique ; encadrements taillés dans des laves massives (non en basalte, mais plutôt en trachy-andésite grise). On note parfois l'emploi direct des prismes hexagonaux de basalte, entrecroisés pour former les arêtiers. Dans les pays schisteux, et en l'absence de lave ou de granite proches, les encadrements sont en bois. Des maçonneries en colombage, en général réservées à l'étage et alors souvent partielles, apparaissent dans ces derniers pays, Châtaigneraie principalement.

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(ces deux photos pour montrer aussi combien il est justifié de dire que "les maisons paysannes ont toujours été enduites"...)

Une corniche en pierre (souvent en doucine) peut terminer le mur gouttereau. Dans l'Ouest cantalien, la tendance est souvent au débordement du toit vers l'avant, soutenu par des corbeaux en bois plus ou moins travaillés. Cette tendance aboutit au dispositif plus complexe du bolet, où des poteaux en bois (parfois en pierre) soutiennent l'avancée du toit.

Le toit à deux pentes de la maison élémentaire surmonte directement le rez-de-chaussée et sa pièce unique. Le grenier est accessible de l'extérieur. Les pignons à redans sont ceux d'anciennes toitures en chaume. Celles-ci peuvent expliquer le caractère rudimentaire de nombreuses charpentes. Les lauzes ou ardoises sont clouées (jadis par des chevilles en bois) sur un plancher de bois porté par les pannes : la volige ou douelle (doile).

La toiture se développe et devient souvent à 4 pentes dans les maisons plus importantes et/ou plus récentes. Les souches de cheminée sont particulièrement soignées : de plan rectangulaire, en pierre de taille (brèche ou lave massive) avec leurs retraits caractéristiques elles sont emblématiques de l'architecture rurale cantalienne. Des souches arrondies subsistent, considérées comme plus anciennes et de tradition médiévale. Les souches sont moins soignées dans les pays réduits à employer le schiste.

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Les lucarnes sont la règle sur les toits pentus : soit en pierre, au droit du mur, soit en bois et pouvant s'étager sur plusieurs niveaux suivant l'importance de la maison. Elles sont à 2 ou 3 pentes.

Les dernières toitures en chaume ont disparu au cours des années 70. Les toitures type sont en ardoises (de Corrèze : Travassac, Allassac) et surtout en lauzes (« tuile de pierre » ou « tuile de pays ») : lauzes d'origine métamorphique (schiste et micaschiste, gneiss parfois) taillées en écaille de poisson. Parfois aussi lauzes d'origine volcanique, aux formes généralement plus irrégulières : phonolite (Nord Cantal), trachy-andésite (coeur du massif), basalte en dalles (planèzes).

Les faîtages courants sont en tuile canal. Mais en montagne, de remarquables faîtages en pierre existent encore, parfois accompagnés de croix et d'épis eux aussi en pierre (Nord Cantal).

La succession des « genres », et/ou l'évolution au cours du temps, vont permettre d'assister au développement progressif de cette maison : développement du plan, avec notamment l'apparition de la «chambre » à côté de la salle commune, et la possibilité d'un doublement de la maison en profondeur par l'ajout d'appentis à l'arrière ; apparition d'un étage voué à l'habitation, désormais desservi par un escalier intérieur perpendiculaire au mur gouttereau.

Le développement de la souillarde est caractéristique : elle devient une véritable pièce, dont la présence se signale davantage à l'extérieur grâce à un toit pyramidal souvent spectaculaire, spécialement dans l'Ouest cantalien.

Ajoutons que la Haute-Auvergne fut jusqu'au milieu du XXe siècle une province très volontiers «datante», quelquefois de façon surprenante (photos ci-dessous, à Niervèze et à Favars) :

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date Favars retouchée

La Haute-Auvergne fut même «dénommante», les linteaux des maisons, ceux aussi des granges, portant souvent, gravés ou sculptés, les initiales ou les noms de leurs propriétaires, parfois accompagnés de divers symboles :

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 (Saint-Martin-Valmeroux)

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Mobilier

L'intérieur cantalien type comporte une grande table à tiroirs, accompagnée de ses bancs massifs et disposée dans l'axe de la fenêtre. Cette table est surplombée par une planche (la «pau») fixée au plafond par deux montants verticaux : elle sert à ranger à l'abri des rongeurs certains aliments dont le pain.

Deux bancs (dits « de cantou ») sont disposés à l'intérieur et de part et d'autre de la grande cheminée, le cantou, âme même de l'oustal :

Vie à la Campagne

(in Vie à la Campagne, Maisons et Meubles du Massif Central, 15 déc.1928, p. 28)

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(photo Patrice Garrigues, Cantal Photo Club, 2017)

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(Photo Candide Godinho, Cantal Photo Club, 2017)

Le mur du fond est occupé par pendule et armoires et surtout par une enfilade de lits clos, ou lits-wagons. Ces lits ferment par des rideaux et non des portes, contrairement aux lits bretons. Ils sont précédés chacun de leurs bancs-coffre :

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(in J. Gauthier, Le Mobilier auvergnat, Ch. Massin éd., pl. 34).

 

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(Photo Cathy Roy, Cantal Photo Club, 2017)

On connaît des bancs-coffre d'un seul tenant pouvant atteindre 5 m de long ; ils devaient correspondre à une série de trois "lits-wagons"  :

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Caractéristique également est la fontaine-lavabo en cuivre, fixée à son meuble-support et placée près de la souillarde (ou aiguière"). Celle-ci - renfoncement voûté, aux étagères en pierre - est caractéristique de la maison de Haute-Auvergne. Elle renferme la pierre d'évier, en saillie à l'extérieur:

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Souillarde "élémentaire"

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Ensemble caractéristique (in J. Gauthier, Le Mobilier auvergnat, Ch. Massin éd., pl. 5.)

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Fontaines-lavabo typiques (in Vic-sur-Cère, Inventaire topographique, Imp. Nat. 1984, p. 421.)

Eclairage par des lampes à huile, dont celle suspendue au-dessus de la table par le « porte-chaleil », sorte de crémaillère en bois plus ou moins ouvragée, devenu rarissime objet de collection :

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Porte-Chaleils (complet ou incomplets) tels qu'ils étaient exposés au feu Musée des Arts-et-Traditions Populaires à Paris.

Les bâtiments annexes

Le principal est évidemment la grange-étable, élément majeur et hélas trop menacé, trop peu protégé, du patrimoine rural cantalien. Comme on l'a vu, cette grange soit fait corps avec l'habitation (Est cantalien), soit en est séparée (cas de l'Ouest cantalien, où se trouve, à Bélières de Saint-Cernin, la plus ancienne grange datée de Haute-Auvergne : 1595). Dans les deux cas, sa structure est la même :

-l'étable, accessible par le mur gouttereau ou par le pignon, occupe l'ensemble du rez-de-chaussée, les vaches étant typiquement disposées de part et d'autre d'un couloir central. Au fond de la grange un local est réservé aux veaux : à chaque traite, ceux-ci sont traditionnellement appelés près de leur mère, la vache Salers ne donnant son lait que si la traite a été amorcée par son veau.

-la grange occupe l'ensemble de l'étage : elle est accessible soit par une rampe (« montade »), soit directement si la dénivellation du terrain le permet. Selon la position du bâtiment, perpendiculaire ou parallèle aux courbes de niveau, la porte de la grange se situe soit au pignon, soit sur le mur gouttereau arrière.

Cette grange-étable auvergnate s'oppose nettement par sa structure à la grange limousine (caractérisée par une division transversale tripartite de son volume). Par sa capacité à accueillir davantage de bétail et à engranger davantage de fourrage, la grange auvergnate a constitué un modèle culturel conquérant par rapport à la grange limousine.

Véritable centre et fierté de l'exploitation, les vastes granges auvergnates avec leurs charpentes remarquables, leurs portes souvent surmontées dans l'Ouest cantalien de clochetons pyramidaux, s'affirment comme les chefs-d'oeuvre de l'architecture rurale en Haute-Auvergne.

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A la grange-étable s'ajoutent : le poulailler-porcherie petit bâtiment au toit typiquement dissymétrique ; le four, en général précédé de son fournil ; la fontaine, en montagne, ou le puits sur les plateaux.

Le « secadou », séchoir à châtaignes, petit bâtiment rectangulaire à un étage, est une annexe caractéristique des fermes de la Châtaigneraie.

Les rares pigeonniers isolés sont ceux de domaines importants (la Borie-Haute, près d'Aurillac). Dans les fermes plus modestes, ils peuvent apparaître sur les granges, notamment sur les porches à clocheton.

Dépendance nettement séparée de la ferme, et d'usage temporaire, les burons, malgré beaucoup de disparitions, restent un élément caractéristique du paysage des hautes terres cantaliennes, où les estives sont dites "montagnes". Depuis au moins le XVIIIe siècle, ils sont typiquement construits en pierre et voûtés (en plein cintre et parfois en encorbellement) et couverts d'un toit de lauzes à deux pentes. Les plus primitifs des burons voûtés n'avaient pas de grenier et étaient à demi enfouis perpendiculairement à la pente.

Le volume demi-cylindrique du buron est divisé en deux parties : on accède par le pignon à la première pièce, consacrée à la fabrication quotidienne de la « fourme » de cantal (40-60 kg), et où habitent les « buronniers » ; cette pièce est munie d'une petite cheminée. Elle communique avec la cave située dans son prolongement. Les buronniers formaient une équipe de trois hommes dirigée par le vacher, chargé de la fabrication du fromage, aidé par le boutiller, tandis que le pâtre s'occupait plus spécialement des veaux, et des porcs nourris au petit lait et disposant d'une porcherie séparée. Souvent, ces hommes ont gravé leur nom sur la porte du buron.

Une petite étable destinée à l'abri des veaux, le védelat, peut se dresser à proximité.

Précurseurs des burons de maçonnerie, les « tras » ou « traps » jadis décrits par des voyageurs, n'étaient semble-t-il qu'une simple cavité allongée recouverte de branchages. Leurs traces souvent groupées, contrairement aux burons plus récents, se voient encore parmi certaines estives.

Porte de buron

Diversité régionale de la maison rurale cantalienne

Voici quelques exemples des diverses maisons-types que l'on retrouve dans le Cantal :

Bassin d'Aurillac, Cornet.

Bassin d'Aurillac (Cornet)

 

 

Vallée de Brezons

Vallée de Brezons

 

 

Carladez, haute vallée du Goul
(La Roussière, rendue célèbre par le film "Harry un ami qui vous veut du bien").

 

Carladez, Badailhac

Châtaigneraie

 

Vallée de Mandailles, Rudez

 

- La photographie de la maison de Nieudan a été retirée à la demande du propriétaire de celle-ci. Il suffira cependant aux personnes intéressées de consulter Google Street pour obtenir d'excellentes vues de ce bourg, ou encore de consulter ce lien.

Rappelons encore - toujours à propos de Nieudan - la définition géographique de la Châtaigneraie, en citant André Meynier (1931, p. XVIII) : "La Châtaigneraie se trouve entre la Cère et le Lot, à l'Est du Ségala du Quercy. Mais elle n'occupe pas tout le territoire que l'on pourrait délimiter ainsi. Notamment au Nord, elle est assez loin d'atteindre la Cère. Encore moins, bien entendu, comme il a été dit parfois, dépasse-t-elle la Cère au Nord."

 

Buron en Aubrac cantalien

 

Bassin de Maurs

 

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Aubrac cantalien

 

 

Margeride

Margeride

 

Pour mieux repérer leur localisation, un certain nombre de ces maisons-type ont été reportées sur la carte physique du Cantal :

Maisons du Cantal fichier JPG 1er août 15 (2)

 

- Variété typologique du bâti rural cantalien

S'ajoutent à la maison de ferme elle-même (l'"oustal") :

  • Grange-étable
  • Porcherie
  • Poulailler
  • Four à pain
  • Fontaine, puits
  • Pigeonnier
  • Secadou (séchoir à châtaignes)
  • Murets, calades

Il y aurait lieu ensuite de s'intéresser à cette catégorie bien cantalienne de maison rurale ou de bourg : la "maison d'émigrants"

puis aux manoirs ruraux.

Granges

506 50-530 Bellières

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Bellières, 1595 (Saint-Cernin)

021 015

Peyre (vallée de la Jordanne), en 2009, désormais détruites.

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Crandelles (Bassin d'Aurillac)

Peintures aux ocres 759

Saint-Simon (Vallée de la Jordanne)

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Crandelles, mars 2014

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450 Planèze OLYMPUS DIGITAL CAMERAPlanèze

184 155 (2)Châtaigneraie

489 47-212 Vernuéjouls Delort

Châtaigneraie                                      Bassin d'Aurillac

Mandailles 2, 3 et 4 juin 2009 033

Bassin d'Aurillac (La Borie Haute, 2009), désormais détruite.

Trois granges cantaliennes à abside

L'une est double (comparable aux granges ovalaires du Limousin), les deux autres à une seule abside :

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064-Le Serre, grange ovalaire

033

Grange ovalaire de La Serre Haute (Glénat, Châtaigneraie)

Peintures aux ocres 766 Le Martinet

Grange à abside (Le Martinet, vallée de la Jordanne)

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Grange à abside (Boussaroque, Châtaigneraie)

210

Réquistat (Aubrac)

Poulailler-porcherie

76-289 Vernuéjouls Vernuéjouls (Bassin d'Aurillac)

 498 retouchée                                                                        Planèze

 

Four à pain

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88-Rouffilanges - 26 août 12 069

Fontaine et puits

62-Fontaine à Cros

60- La Veissière 26 août 12 013

Pigeonnier

Si la Haute-Auvergne n'est pas le pays des pigeonniers, elle en montre néanmoins des exemples remarquables. Parmi eux :

- Le très célèbre pigeonnier de la Prade (Vic-sur-Cère) :

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- Le très menacé pigeonnier de la Borie-Haute (Aurillac) et sa voûte en tuf volcanique :

Mandailles 2, 3 et 4 juin 2009 029 retouché

 

Mandailles 2, 3 et 4 juin 2009 016 retouché

La Borie Haute, 2009

 

 - Le très "confidentiel" pigeonnier de *** (ne pas approcher, propriétaire cerbère) :

Cère 2010

Secadou

Annexe caractéristique des fermes de Châtaigneraie. Les châtaignes fraîches empilées au premier étage sur un plancher à claire-voie y sont exposées longuement à un feu sans flamme entretenu au rez-de-chaussée :DSCN9209

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Murets

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293

251

239

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Calade

Saint-Cirgues de Malbert 26 août 12 170

Maison d'émigrant

201

Maisons de bourg229

028

208

 

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Maison de maître, manoir

472

039-Labro maison de maître